Fascination du chiffre

Publié le 24 Juillet 2012

Fascination du chiffre

Le chiffre fascine et la courbe hypnotise.

Pythagore en fit une religion.

Il faut vraiment lire la fin du monde de Camille Flammarion pour comprendre la sidérale sidération qu’une analyse chiffrée impose à chacun et à tous … quant bien même on ne comprend pas l’astronomie, qu’on ne s’y intéresse guère et qu’une comète fonce sur votre planète. La révélation est dans le calcul.

Je me rappelle le silence religieux qui s’établit dans l’assemblée de mes petits camarades et qui accompagna l’énoncé ésotérique du modèle Black Scholes par un professeur animateur qui vivait plutôt bien son rapport refoulé au complexe du comédien et alors même que Merton était loin d’être auréolé par son mythique Prix Nobel. Nous n’étions que des apprentis financiers et ce qui aurait fait ricaner des mathématiciens même en herbe nous ravissait dans les extrapolations de Markowitz ou de Sharpe.

Ainsi donc, cher Paul Jorion, les marchés pensent qu’il y aura bientôt du neuf parce que la prime de risque à 5 ans sur la dette espagnole est plus élevée qu’à 10 ans ? Cela voudrait peut-être dire que ça ira mieux après-demain parce que demain est déjà compromis. Après tout, Knock fit triompher la médecine en se demandant si ça lui grattait ou si ça lui chatouillait …

Un marché pensant est moins troublant qu’un roseau mais bien plus dangereux, me direz-vous. Certes … on peut se demander toutefois quel est le risque réel d’insolvabilité d’un Etat et ce que cela signifie concrètement quand les emprunteurs font aussi collectivement partie des bailleurs de fonds. Le risque de schizophrénie est grand, la crise de nerfs est proche … et là, est-ce que ça nous gratouille ?

Après tout, c’est Calderon qui avait raison : la vie est un songe.

Creux pour certains, roulant d’apocalypses pour d’autres … un jeu de hasard et de tric-trac.

La courbe hypnotise et le chiffre fascine.

Cela permet de s’incliner devant la distribution normale d’une courbe de Gauss après avoir parié sur le sens profond de la logique et du raisonnement serein de tous les investisseurs.

Il ne reste plus qu’à prendre un air mystérieux ou las, c’est selon et de prévoir la fin du monde, puisque les crises c’est bien connu, il n’y a rien de plus normal et rien de plus rationnel, donc rien de plus prévisible en somme … Et même la rédactrice du bulletin de l’observatoire de Paris peut espérer une promotion. C’est Camille qui le dit.

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